« Tout n'est qu'une question de temps,. Mais tout s'effondre. Inutile d'être cynique, ou défaitiste, tout s'effondre. Le vide nous happe au compte-goutte. D'un trou à peine plus grand qu'une tête d'épingle pisse le rouge vif de nos vies sacrifiées. Il y a bien qu'en nos fors intérieur que parviennent encore à résonner nos combats, nos douleurs, nos étais qui servent tout juste à nous maintenir en état d'éveil. Le split du label Ultima Ratio comble le vide dans lequel nous voici enfermés. Comment d'ailleurs remplir un espace infini ? C'est ce cri que l'on entend s'étendre sur les deux faces., ce cri qui s'étale d'un bout à l'autre du grand rien. Undo du duo Maira Asher et Uri Frost cisaille une dark ambient à coups de voix sepulcrales, et vrille soudainement ledit espace infini à coups de zébrures électroniques. Il y a là comme un apaisement oppressant, une oppression apaisante. Comme une valse-hésitation entre périr ou dormir. Yalnız emporte l'espace infini au fond de la cave, et l'entraine soudainement dans une rupture noise qui vire à l'hystérie solitaire, comme une plaie que l'on s'obstine à titiller malgré la douleur. Difficile de discerner le texte déclamé par Maira Asher, poéme coécrit avec Jeremy Avis, mais il y a dans ce texte élémentaire des milliers de particules, qui dansent parfois de travers, en cherchant en vain une finalité. La suite « Undo », « Enter », « Escape », « Delete » est faite d'une musique noise, electronique, aux textures saturées, mais la voix de Meira Asher, profonde et tendue, saisit l'organique à la gorge, pour lui proférer des menaces définitives. Jaillissent de cette voix des infrabasses telluriques presque surnaturelles, alors que l'espace tournoie peu à peu pour sombrer dans une atmosphère impalpable. Pas vraiment noise, parfois pulsée, la musique du duo se déploie dans ce vide. Regardez au fond, vous n'y verrez rien, mais vous comprendrez tout. Bien que parfois gorgée de lyrisme (noir), la voix de Meira Asher ne nous délivre pas, elle nous enferme à jamais dans nos propres turpitudes. Le syndrome de Stockholm ne tarde pas à s'installer, et dés la première écoute, il nous tarde d'y retourner. Il ne faudra d'ailleurs pas compter sur la longue pièce de Tzii, déjà croisé avec Contagious Orgasm, D'incise ou Mr Connard (coupable du fort bien nommé Connard Président), pour nous sortir de ce fatras. Noise, voix frêle ou hurlée, silences accrochés aux réverbérations, ou déflagrations soudaines, tout y passe. Comme un rêve dont on échappe pas, Tzii referme, par dessus les têtes, la boite en sapin, et fait glissser le tout lentement, jusqu'à toucher le fond. Mais le fond de quoi ? Serait-ce le début de la fin ? Serait ce un ailleurs aussi sombre qu'il est profond ? Est-il encore possible de rêver ? Est-ce même encore autorisé ? N'avons nous pas perdu à jamais l'opportunité d'infléchir la courbe d'autorité ? Est-il encore raisonnable d'éspérer, à la veille du grand effondrement, à plus ou moins longue portée ? Ces questions se trouvent enfermées dans un écrin signé Stéphane Blanquet, pour un artwork soigné. Peut-être les réponses seront-elles distillées un jour ou l'autre par Ultima Ratio, jeune label emmené notamment par la musicienne Counter Pressure, également membre de Sang Foutre. En attendant, je cesse moi-même de chercher les réponses, lassé de croire en quelques chimères, je préfère de loin m'endormir bordé d'incertitudes. Dussé-je y sombrer pour l'éternité. »
Laurent Nerzic – Revue & Corrigée #132 – Juin 2022

Tzii / Meira Asher & Uri Frost
”Undo / Yalnız”

Vinyl 12”

On this split record Meira Asher , accompanied by Uri Frost recites with her voice, that is so powerful and distinctive, a poem written with Jeremy Avis.
This poem is titled UNDO. Uri Frost's guitars and synthesisers transport us in this unstable universe that creates and destroys itself.

Tzii offers us a real funeral oration to love called YALNIZ. A surge of melancholy and impossible love. The story breathes and forces itself be listened to and the sound of Tzii scatters, dissolves through the skin. YALNIZ means solitary. The titled itself is a journey in a lonely country.

Cover by Stéphane Blanquet
Mastering by Frédéric Alstatd

Pressing at Records Industry

Released by ULTIMA RATIO

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Split Cacophonic Joy / Tzii / Prairie-Litière / Microdeform (Autistic Campaign)